Sous le quinquet discret d'une lune anémique,
Alésia la rebelle se disperse en fumée,
Les légions ont vaincu nos cohortes celtiques,
Et le joug de César à nous s'est imposé.
Au pied du tertre en feu mon grand corps pathétique,
Git les bras en croix dans la boue d'un fossé,
Un casque est sur mon front, à mon bras une pique,
Un bouclier de bronze est jeté à mes pieds.
Un souffle s'échappe encore de mes lèvres livides,
Mon regard est ouvert sur le ciel embrasé,
Mon esprit n'est point mort si ma dépouille se vide,
Du reste de mon sang pour ma terre versé.
Où êtes-vous nos dieux, nos chênes et nos druides,
Belenos le brillant, Esus et Taranis,
Qu'avez-vous fait de nous en ce désert putride,
Où les crocs de la louve ont broyé l'insoumis.
L'aube se lève enfin sur le décor tragique,
D'une ville à genoux et d'hommes sacrifiés,
Des corps jonchent la plaine et des chiens faméliques,
Recherchent leur pitance aux ventres des guerriers.
Ma conscience veille encore sous le casque rustique,
Des hommes de mon clan, des gens de ma lignée,
La vie s'en est allée de mon corps apathique,
Et mon âme s'élève au-dessus du charnier.
Je vole au paradis des ancêtres galliques,
Libéré du fardeau qui nous a tant pesé,
Je revois nos forêts et nos landes mystiques,
Avant de m'évader au repos du guerrier.
Shangaan