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Etrange batracien
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Une perle d'eau tombe de la jarre des nuages,
Le ciel s'est refermé hier, il pleure chaque instant.
Des gouttes froides apparaissent entre les tuiles
Je suis mouillé, mes phalanges occupées à coudre la toile
Du souvenir, s'arrêtent ; il est temps de penser à l'avenir.
Les cils d'une créature me chatouillent l'esprit, du genêt sans doute.
Les cils d'une Dame Nature, toujours belle, toujours vive,
Et qui vous offre aussi ses fruits frais, pulpeux glacés,
Qui vous coulent entre les pattes, collantes de sève sucrée.
Les fenêtres élancées vers le soleil; battants ouverts,
Font entrer l'air qui rebondit sur les sols et les murs.
Les pièces prennent en fraîcheur, il va faire eau.
La pluie, une nouvelle fois, infiltrera le parquet flottant.
"Dehors, ça tonne !" pluie, feu, et éclairs ; tout y est.
Les eaux montent… Et dispersent les ombres.
Dans le noir, je m'étire ; des flaques se forment, puis
10 centimètres, puis 20 ; étendu à la surface, je fais silence.
Le corps lové sur une tour de planches, je m'élève.
Le bois flotte, un navire de rien ; je me cambre avec souplesse.
Le grondement de l'orage ne m'atteint pas, je suis heureux
Mes poumons vibrent, gonflent, je prends ma respiration,
Et de ma gorge enflée, s'échappe, ce cri peu commun, qui fait peur :
Le chant de l'Homme Crapaud.
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