Elle s'accroche à ce lit comme au mât d'un navire,
Ballottée, submergée, par la colère des cieux,
Elle tangue, elle gémit et se refuse à dire,
Que l'enfer lui a pris son bien le plus précieux.
Lui, le feu conjoint, le déja presqu'ancêtre,
Repose, livide et froid, sur l'étoffe d'un drap.
Il a tant bataillé avant de disparaître,
Que le repos du jour est un repos de droit.
Elle, la veuve brisée, la déja presque vieille,
S'agrippe à son passé comme ces naufragés,
Qui errent au creux des flôts à l'écume pareille,
Sans espoir et sans joie, pour toujours affligée.
Elle s'imagine ici attendre à la fenêtre,
Le retour de celui qui fut toute sa vie,
Les ombres passent en vain sans qu'elle ne voit paraître,
Celui que sans pitié le destin lui ravit.
Elle n'est plus qu'un fêtu que les vagues chavirent,
Semblable à ces navires que la houle brisa,
Elle va, elle vient, et ne sait que maudire,
L'implacable destin qui son amour ruina.