Est:
Je suis parti, il y a bien longtemps
De la limite entre la nuit et le jour
Et depuis les sources de l’orient
Je palpite à l’idée de voir vos contours
En venant à la croisée des chemins,
J’ai cherché un signe, une étoile.
Et alors que je n’étais qu’un gamin
Chantant des comptines bancales,
Entre deux ritournelles,
Les années se faisaient la malle
Pour ces cieux irréels,
Où mes idées allaient en cavale.
Tous ces rêves d’enfants
Qui filent quelque part
Grèvent-ils notre temps
Dans ce qu’il a de rare ?
Tous ces airs charmants
Qui fardent l’espoir
Servent –ils de gants
A nos cauchemars ?
Sud :
Je suis parti, il y a bien longtemps
De l’endroit qui avait vu naitre l’amour
Soucieux du devenir de ses enfants
J’ai pris la voie qui mène où va leur cour
Sur ma route, j’ai croisé des humains
Rangés en ligne pour le départ
Ils étaient entravés par des liens
Et portaient l’intime, en étendard
Ils me tendaient les mains
Pour que je dessine leur mémoire
Mais moi, je n’y pouvais rien
Mes doigts gourds étant sans pouvoir
Tous ces corps frissonnants
Enveloppés de moire
Arboraient des présents
En quête d’histoire
Les cœurs dérivants
Avec toutes leurs amarres
Effleurent-ils le temps
Avant de le laisser choir ?
Ouest :
Je suis parti il y a bien longtemps
Vers l’aube, voguant toujours à contre jour
Tout en remontant le chemin du temps
Je fus l’homme qui court trottant à rebours
Mon errance croisa la tournée du divin
Je fis mine de ne pas avoir mal
La croyance est passée voir mon prochain
L’a examiné et orné de son voile
Et dans ses yeux sans prunelle
Des vérités aux réalités fatales
Des dieux qui font étincelles
Pour mieux effacer son éclat vital
Quand s’achèvent les instants
Étalés dans un long couloir
Est-ce que la trêve du temps
Fait le monde moins blafard
Quand l’univers se détend
Au delà du miroir
La lumière du pénitent
Le rend-elle moins noir ?
Nord :
Je suis parti, il y a bien longtemps
Errant en quête de contours
J’ai suivi la route des quatre vents
Pris mille et un détours
J’ai contourné mon destin,
Plongé dans les abîmes du cérébral,
Me suis envolé vers l’incertain,
Toujours anonyme, infinitésimal.
J’ai fait du doute mon bien.
Les vérités qui friment et s’étalent,
En déroute, sortent leurs chiens
Et sans ciller répriment l’original
La mort qui nous terrifie tant
Arrive-t-elle à voir
Dans les corps inertes des gens
Tous leurs pouvoirs
Les clauses du présent
Peuvent-elles surseoir
A nos questionnements
A nos espoirs.
Allover 2010