Tu peux t'enfuir le temps tu n'auras pas mon âme,
Tu peux creuser mes traits et blanchir ma tête,
Dévaster ma vie comme vent de tempête,
Tu ne peux infâme en éteindre la flamme.
Ah ! triste vilénie, adversaire implacable,
Que puis-je faire encor que rêver d'ineffable,
D'espaces infinies et d'ultime frontière,
Où tu n'es plus le temps qu'une chose étrangère.
Je sais qu'un jour viendra de déposer les armes,
Un jour où tu seras une funeste alarme,
Mais ces lieux d'outre temps où tu ne seras plus,
Seront pour moi l'éden de rives inconnues.
Après les jours de pluie resplendit le soleil,
Quand passent les nuages les ennuis disparaissent,
L'obscurité s'efface et la ruche s'éveille,
Ainsi vogue la vie qui à jamais ne cesse.