[Errances]
I
Comme une trainée d'insaisissables légèretés, d'ailes et d'impalpables clartés, telle que la poudre d'amour verse sur l'instant étincelle, les quelques couleurs du ciel appellent secrètement à l'unité, au contact profond par delà toute forme de luminosité ou d'obscurité.
Passant sauvage, harpe vierge, j'ai laissé cet instant me jouer au soleil révisant ses gammes de printemps.
Ainsi s'élèvent les danses spatiales et les chants frémissants !
II
Là-bas, sont les scènes à jouer par la végétation où se rencontrent érosion et drame, ciel et comédie.
Devant, est la perdrix rieuse, qui vers la voute de tes joues plonge d'un élan nécessairement joueur.
Plus loin vient un sentier, encore tout résonnant des premières larmes de rires des amandiers et la faim qui gronde comme un chat affamé dans le rêve du vogueur trouve son salut au pied de l'arbousier. Comme l'hiver est avare et le soleil peu bavard dans ces contrées que le temps n'a pas lissé !
Derrière, sont les quelques amis inconnus, gens du voyage que la route n'invite plus... Et tant pis si le druide ne changera plus jamais notre eau en vin !
Sous nos pieds, déjà, se compliquent les combinaisons fourmilières, invasions et labeur, à des échelles faramineuses !
Au dessus, la nuée géomètre s'agite comme une aiguille aux mains de la grande tisseuse sur le corset à paillettes ! La nuit sur les hauteurs, la jetée nous enlace aux pyramides nuptiales.
Mais que faire quand à chaque pose sa chute ?
III
Lorsque les flammes retombent en confettis, des arbres aux bouches béantes surgissent des gorges oubliées et traquent le moindre rayon de soleil ainsi qu'une proie :
Racines en serpents rampants vers des mares de boues quelconques, tas de pierres qui posent aux souhaits des vents, sculpteurs des millénaires. Feux sans idoles aux pieds des autels de glaces.
Mâchons quelques sables rarissimes en attendant l'heure du nouveau paraitre !
A.M