LA DOUCEUR
Depuis quelques jours, il se passe une drôle de chose.
Figurez- vous que la douceur est entrée chez moi !
Non d’un chien ! Comment réagir ? Comment ne pas l’effaroucher ?
Je sais qu’elle est précurseur du bataillon des bonnes choses, oui mais je ne suis pas habituée. Surtout, ne pas lui faire peur afin qu’elle ne parte pas ailleurs.
Cela me fait penser à un … hérisson. Eh oui !
Un soir, chez des amis, alors que j’étais déjà au lit, j’entends Jocelyne m’appeler.
- « Jeannette ! Viens voir ! Un pépère hérisson ! »
J’arrive. Il est là, gros, le nez collé au mur, voulant obstinément avancer. Je me penche vers lui en le regardant. Il tressaille mais ne bouge pas.
- « Il faut absolument le prendre et le porter dans un endroit où il n’y a pas de mur proche, pas de chien, et pas trop près de la route. »
- « Ok ! Je vais chercher des gants. » me dit-elle.
- « Non ! Pas besoin de gants. Il a compris et ne bougera pas. »
Je glisse délicatement mes mains sous le pépère (remarquez … Après tout, c’était peut être une mémère !) Je sens une très légère rétractation, puis immédiatement une détente totale, un abandon de confiance. Je souris.
Nous voilà parties. Jocelyne éclaire l’animal de sa lampe, et l’on voit son petit nez de hérisson. Il est adorable. Je sens la douceur de son ventre et sa confiance. Ses petits yeux en boutons de bottine brillent de tous leurs feux !
Soudain je perçois une rétractation subite. Nous nous arrêtons, car j’entends quelqu’un venir vers nous. Pas sourde la bête ! Je dis:
- « stop ! »
La personne interloquée s’arrête. C’est bon, je la reconnais ! Je lui explique calmement ce qu’il nous arrive et le hérisson est à nouveau détendu entre mes mains.
Nous repartons et nous trouvons l’endroit idéal. Je dépose à terre le petit animal. Il ne bouge pas. Il nous regarde. Dans ses yeux, j’ai l’impression de lire :
- « Merci ! ». Je me sens bien.
Alors ma douceur, c’est pareil. Je sais que tous ses sens sont à l’écoute. La moindre erreur, la moindre alerte ou le moindre doute ? Pfffffffff, plus rien !
Sincèrement je pense que la douceur a déjà dû passer chez moi, mais au milieu de mes drames, de mes batailles, je n’ai pas su la préserver et elle est repartie effarouchée vers d’autres maisons où elle a certainement trouvé refuge, ne me laissant que quelques piquants de désarroi !
Cette fois, je l’ai prise avec délicatesse. Je ne sais pas ce qu’elle annonce de bon mais je l’ai mise à l’abri, dans ma chambre. Je l’ai présentée à Madness*, lui expliquant qu’il fallait la préserver. Comme lui-même n’aime que la douceur, il m’aide à la rassurer.
Pas question de lui faire peur. Elle est chez elle. Elle peut prévenir l’escadron de la chance ou du bonheur. Je suis prête, j’ai enfin compris. Il faut faire confiance à la douceur et la douceur nous le rendra.
jeannette insurgé
* Madness c'est mon chat persan