L'Opéra de la lune (un petit extrait) :
- Et qu'est-ce que tu as vu encore ?
L'Opéra.
- L'Opéra de Paris ?
Bien sûr que non,
en voilà une question !
- Quel Opéra alors ?
L'Opéra de la Lune naturellement.
- Comment est-il ?
Presque jamais pareil ça change tout le
temps et même quand c'est pareil
c'est encore plus beau qu'avant.
A l'Opéra de la Lune
il n'y a pas de rideau.
- On ne te demande pas ce qu'il n'y a pas, on
te demande ce qu'il y a, disaient les gens.
A l'Opéra de la Lune il y a tout
comme dans les autres opéras
que vous m'avez racontés.
Mais c'est tellement plus beau encore.
Vous ne pouvez pas imaginer.
Il n'y a pas de loges, de fauteuils,
d'entractes, de strapontins,
de baignoires, de couloirs ni de
poulailler, comme vous m'avez raconté.
Il n'y a pas de grand lustre, c'est éclairé
par des petits astres. C'est les étoiles
et les éclairs qui font l'électricité.
Et tout le monde est sur la scène
pour danser et pour chanter.
Et même quand ce n'est pas la pleine lune
l'Opéra, lui, est toujours plein.
Et quand la lune est rousse c'est tout
rempli partout de petits rats d'Opéra roux.
Et tous les jours c'est le Quatorze Juillet
et la Musique se promène
dans tous les quartiers de la lune
Et j'ai vu sur la mer des moutons
qui dansaient et chantaient sur les vagues
en blanc tutu de laine.
Et la mer n'était jamais mauvaise.
Sur la lune, elle fait seulement semblant.