Tout se vend, tout s'achète, en ces temps dit modernes
Et même nos désirs prennent valeur marchande.
A l'étal, sans complexe, en quelques balivernes
Qu'il nous faut assouvir quand la fièvre est gourmande.
A mon tour j'ai joué, détrôné la romance,
Fait vibrer de ma peau chacune des parcelles,
Quantifié mes « jouirs », des sens, la performance,
Me voulant désirable à n'en plus être belle.
Pressée de découvrir du corps les aptitudes,
La conquête est aisée quand seul compte l'instant.
Mais le kamasutra, dont j'ai bien fait l'étude,
Ne m'a jamais appris que l'amour est patient.
Et qu'il vaut mieux parfois, ne point tout dévoiler,
Mais garder le secret d'un rêve à conquérir,
Comme une fleur cachée au détour d'un sentier
Que seul les yeux aimants pourront voir s'épanouir.
Tant j'ai cueilli en vain, pour un émoi biaisé,
Ces fruits bien trop sucrés dont je reste affamée,
Car se perd dans l'excès, le parfum des baisers,
Qui nous chante chamade au lit des coeurs aimés
Avant que ta douceur ne crée d'une caresse,
Des frissons inconnus à la saveur unique.
Je n'ai besoin de plus que tes bras de tendresse,
Où s'enivrent mes sens de sentiments magiques.