Peut-être le meilleur truc que j'ai pu écrire.
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Les avions raturent le crépuscule...
I.
Rongé de pustules, ce clochard
Mendit face à ces petits passants -
"Une ou deux pièces pour ce pauvre,
M'sieur, le Ciel saura vous l'rendre. "
Avares, ils mentent. Le teint blafard,
(Pâle comme un éclair) la rue
L'Éclaire. Son corps étendu, l'estomac
Vide, ses mains frêles laissent tomber
Un morceau verdâtre de pain moisi.
Ses forces amoindries, son dernier
Souffle s'abat comme le mistral
Hivernal qu'il guettait de ses yeux
Cristallins. Il meurt sous des cieux hostiles.
II.
À deux pas, une cathédrale.
On distribue l'ostie, les bouches
S'ouvrent. Les psaumes font écho
Entre les colonnes - La souffrance
Du Christ sur le Croix, la misère
Ainsi que la miséricorde. Le prêtre
Salue ses fidèles et les voici qui se lèvent.
III.
Un hôtel. Quelques hôtesses.
Sous les boules à facettes,
Cette fille est assise :
Le faciès tordu par les sanglots
Et les lèvres ensanglantées.
De sa paupières écorchée s'écoule
Quelques gouttes écarlates
Sur ses joues éclatées.
Mise à l'écart, tous l'ignorent.
IV.
Le temps passe en vain
Et le vin chute à flots.
Je scrute le crépuscule
En quête de réponse.
Le Divin reste silencieux.