Complainte d'un homme ordinaire

Que ne suis-je l'Ephèbe des statues de Carthage
Que le ciseau figea en sa jeune beauté
Que ne suis-je venu de ce lointain rivage
Pour m'ainsi contempler en mon éternité.

Moi je suis fait d'un bois qui s'effrite à l'usage
La marâtre nature l'a pour moi décidé
Mes traits se sont creusés aux plis de mon visage
La patine n'est point le souci des années.

Le bois dont je suis fait n'a point cet avantage
Du marbre de Carare pour son intégrité
Je me disperse au feu, au fer, et au grand âge
Mais la chance est pour moi de me multiplier.

Le chêne dont ma chair a reçu le lignage
Sait bien que son empire n'est point illimité
Mais il a sur le marbre l'estimable avantage
De se savoir mortel et s'en accommoder.

Shangaan

Peu importe l'enveloppe, un grand esprit ne meurt jamais.

Le chêne dont ma chair a reçu le lignage
Sait bien que son empire n'est point illimité
Mais il a sur le marbre l'estimable avantage
De se savoir mortel et s'en accommoder.

Shangaan

Bonsoir Shangaan, c'est comme ce vieux chêne que je vois que chacun notre tour on va partir et l'acceptation y est dans mon cas. J'aime bien quand tu écris sur la vie.

merci pour cette jolie lecture !

c'est beau, le marbre, mais c'est froid. froidement immortel.

je suis heureuse de t'avoir lu au réveil, shangaan, c'est un bon réveil, du coup !
bises
anne-laure

Anlor, ne crois-tu pas que te lire est aussi une joie pour moi l'homme ordinaire ? j'attends comme un étudiant le verdict de ton oeil infaillible.
bisous
shangaan

Merci Nicole, il est vrai qu'écrire sur la vie est écrire sur notre vie, et il y a tant de choses à dire.
je te fais un bec
Shangaan

Se savoir mortel et l'accepter c'est déjà un grand mérite de ta part.

J'ai connu bois de chêne en poutre ou en fut à vin qui ont traverser les ages C'est sans aucun doute de ce chêne là que tu es fait

sans doute mon cher Tonyves, car je suis toujours là
shangaan

Méditations profondes; J'aime bien.

J'ai pleuré un vieux chêne.