Si mes larmes avaient une couleur,
Elles auraient celle de ta souffrance
Si mes cris avaient une saveur,
Ce serait les plus belles fragrances.
L’apartheid n’existe-t-il vraiment plus ?
Dans quoi travaillent les blacks en France ?
Des papes noirs en avez-vous déjà vus ?
A quand notre vraie repentance ?
Il me semble entendre ta mélopée
Couvrir les coups de fouets qui tancent
D’une main blanche jamais rassasiée
Qui vivait de ta suée dans l’abondance
Pauvres langues roses qui clamaient dieu !
A-t-il eu pour vous une sainte clémence ?
Je vois vos regards s’élevant vers les cieux,
Larmoyants, mais croyant à votre délivrance.
Dans des cales sans fond vous vouliez échapper
Vous nourrissant des plus folles espérances
Ces bateaux qui sans honte se nommaient négriers
Et qui vous conduisaient à l’ultime sentence.
Ma couleur a fait de vous des esclaves,
Je n’aurai jamais assez d’années pour faire pénitence
Votre liberté n’est qu’un mot caché dans une enclave
Et je pleure. Je pleurerai toujours nos silences.