Parfois la mer séduit, elle se grime, elle se farde,
Elle ne s'emporte point, elle ronronne, elle bavarde,
Ses vagues lentement se meuvent et vous caressent,
Comme font aux amants de lascives maîtresses.
Elle va et s'en revient à l'horizon des îles,
Plages ébouriffés et bleus lagons tranquilles,
Son haleine de sel et de tiaré mêlés,
Vous laisse sous le charme de cette dulcinée.
Soudain elle se rebelle cette inconnue sauvage,
Elle gonfle, elle rue, elle écume de rage,
Elle dresse son long cou de déesse serpent,
Et lance des éclairs d'un regard flamboyant.
Elle n'est plus de douceur, elle grogne, elle gifle,
Son souffle est de tempête, ses caresses de griffes,
Malheur à l'imprudent qui les lèvres en coeur,
Croisera le regard de ce démon vengeur.
Enfin elle s'assagit, elle s'épuise, elle se calme,
La voici maintenant qui pavane et se pâme,
Telle une courtisane agitant l'éventail,
Elle souffle une risée sur vos chapeaux de paille.
La mer est un berceau où sommeillent les vagues,
Où dorment les marées, où les courants divaguent,
Sur la coque moussue des vaisseaux disparus.
Shangaan