Ô si belle montagne, à l'abri de tes ombres
Qu'il est bon de gravir tes longs flancs en rêvant
Ta jupe parsemée de pins, de chênes sombres
Qui palpite gaiement, soulevée par les vents
Un ballet de couleurs s'empare de ton ciel clair
La bise fait lever tes senteurs exhumées
Reposant doucement dans les plis de ta chair,
Les paisibles hameaux expirent leurs fumées
Que j'aime parcourir ta grande courbe lente
Goûter l'immensité pour distraire mon âme
Et toujours poursuivant ma course nonchalante
Comme un petit insecte sur le cou d'une femme
Je voudrais prendre en toi la forme qui me sied
Boire l'eau de la pluie tel le tendre gazon
Dormir comme le lac calmement à ton pied
Bondir tel le cours d'eau ruisselant de ton front
Je voudrais comme l'aigle à la serre de fer
Inspirer par mon aile le respect et l'effroi
Tout comme la marmotte reposer tout l'hiver
Et tel que le corbeau être des morts le roi
Assis sur une pierre, je reçois ton concert
Tout en toi est sonore et musiques charmantes
La marmotte, le loup, les oiseaux et le cerf
Roulent ces cris joyeux qui dévalent tes pentes
J'aimerai tant atteindre ton sommet délicieux
M'établir un moment sur ton front millénaire
Verser un peu mon âme dans le gouffre des cieux
Comme un aigle heureux, reposant sur son aire
Il me faudra pourtant quitter ce doux repos
Quand se sera tarie la source de mes sommes
Descendre, glissant tel les pleurs, ces bons ruisseaux
Et revenir humide, grandie, parmi les hommes