Sous la lumière blafarde des néons à économie d’énergie,
Un parterre de tables, dans les sons que produit un géni,
Tout au fond de la salle, derrière le brouhaha de la vie,
Deux mains sont en cavale, et un air tournoie à l’infini.
La piste de danse est vide aujourd’hui,
La triste assistance placide, par oubli,
S’imbibe l’esprit du soliste en transe,
Scribe dans la nuit, le pianiste balance.
Son regard au loin suit le ballet de la brume blanche,
Ces volutes aériennes où résonne son existence,
Les espoirs sibyllins, fruits de son cœur qui s’épanche
Sont en lutte et mènent l’homme à leur cadence.
Alors qu’en volutes la fumée dense
Tourne, s’évapore et s’expanse
Un corps utopique fait de résonnances
Ecoule les remords par sa présence
Il tourne et il danse,
Le vaporeux spectre de l’absence,
Ses contours et leur laitance,
Nés du feu des cigarettes qui l’encensent.
Le brouillard opalin dessine les courbes des anches
D’une muse ancienne surgie de son adolescence.
Ce soir, le musicien réanime un amour pervenche
Par d’aériennes mélodies, une douce souffrance.
Allover 2009