L’enfant sauvage

L’enfant sauvage

Alors qu’au centre du parc jouaient les enfants,
Virevoltant, hurlant, engorgés de vie et rouges de plaisir,
Toi, assise sur l’herbe, et recroquevillée sur toi-même
Inlassablement, roulant entre tes doigts, un morceau de papier
Ignorant tout, à l’écart de ce monde
Ton regard vide, sans avenir, fuyant le monde réel.

Au seuil de ton espace, assis, me taisant,
Ne pas te bousculer, m’imposer, te faire fuir
Ne pas forcer la porte, attendre tout amène
J’ai perçu ton regard furtif et inquiet
Avant de recevoir, enfin, comme une onde
L’encouragement à pénétrer ton monde virtuel.

Tes premiers mots, ceux de la patience
Tes bras venant enfin se pendre à mon cou
Ce premier baiser, reconnaissant sur ma joue
Ces sourires confiants et ton innocence
Enfant abandonné que nul ne voyait
T’offrir seulement le temps qu’il te fallait.

Tu as grandi, pris ton envol et donnais la vie
Tes souvenirs d’enfants remontent à tes sept ans
Jour où tu as découvert le sens du mot aimer
Durant toutes ces années, en véritable amie
Jamais une semaine, si lointaine, pourtant
Tu n’as cessé, par tes appels, de venir me retrouver.