étoiledefée
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 sans titre.. ni parole...

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jeannette insurgé

jeannette insurgé


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MessageSujet: sans titre.. ni parole...   sans titre.. ni parole... EmptyDim 21 Juin - 17:51

Sans titre ni paroles




De nouveau temps gris, de nouveau février arrive, ce « petit mois » le plus court du calendrier, le plus pénible pour moi.

Cette année, le 7 février tombera un jeudi, eh oui ! 2008 a la même décade que 1974 !

Jeudi maudit, à cette époque là, le jeudi était le jour des enfants… Elle était une enfant de 4 ans, elle est partie le jour des enfants…Sur le coup, devant ses souffrances endurées, un soulagement m’a envahi.

La révolte c’était avant, c’était face à ses souffrances, et au comportement de l’entourage, le vécu au quotidien, les amis qui ne venaient plus. Comme ils ne connaissaient pas cette maladie, ils avaient peur.
« Imaginez, si leurs enfants l’attrapaient ?? » !

Une maladie « orpheline » on ne l’attrape pas elle nous adopte ! Et on ne sait pas pourquoi elle nous a choisis.

Les amis qui sont restés, ne m’ont quittée que pour aller à leur tour au cimetière, à chaque fois connaissant leur goût de la vie, je me suis dit
- mais enfin, pourquoi eux, pourquoi pas moi…question sans réponse.

Là, après l’annonce du décès, je suis restée de marbre, « mort morale » je pense. Seule certitude : elle ne souffre plus, je suis mécanique, les yeux secs, le cœur est redevenu une pompe fonctionnelle, le cerveau ??? Eh oui, que ça… des points d’interrogations.

Mes deux fils ? Ils sont si jeunes, que dois-je faire ? Mon mari ne dit rien, il a les mâchoires serrées, mais il ne dit rien.

Nous sommes en Eure et Loir, la petite est dans un hôpital parisien, comment faire ?

J’appelle, je demande. Et l’on me répond.

Ils ont l’habitude (sic), ils n’ont pas fait le certificat de décès.

J’écoute je ne comprends pas très bien…

- mais si, me disent-ils, nous mettons une perfusion à votre fille… car autrement c’est tellement cher pour ramener le corps avec les pompes funèbres, vous aurez du mal : il faut payer pour chaque département, plus le transport du corps etc.

C’est surréaliste mais comme je suis devenue mécanique, j’encaisse !

Je réponds …oui !

Mais ils continuent, il faut que vous veniez à deux personnes, une montera dans l’ambulance à coté du corps, s’il y a un contrôle : il faudra dire qu’elle est décédée pendant le transport !!!

Je respire fort, mon esprit enregistre, mon cœur pompe mais moins régulièrement, mes yeux sont définitivement secs !

Les explications continuent : une fois arrivés chez vous, vous appellerez votre médecin traitant et vous ferez établir le certificat de décès, ensuite vous contacterez les pompes funèbres.

Je dis oui à tout, j’ai l’impression d’être ailleurs.

Mon mari a l’écouteur, ne dit toujours rien, ses mâchoires sont extrêmement crispées et il est blanc comme un linge.

Mes beaux-parents sont arrivés, ma belle-mère… Passons ! Mon beau-père crispé, mais d’un calme apparent : il était très proche de sa petite fille.

Nous expliquons : nos deux fils sont chez nos cousins de Nogent le Roi, qui toujours très proches de nous, sont venus chercher les enfants.

Alain (mon mari) dit : bon, eh bien, je vais monter dans l’ambulance, papa viendra avec moi il ramènera la voiture.
NON ! (mon beau-père vient de réagir…)

Il explique : Jeannette reste à nous attendre, toi tu ramènes la voiture et moi je monte dans l’ambulance et je reste à côté de Laetitia.
Alain et moi on se contente de faire oui de la tête.

Nous rappelons l’hôpital, là -bas ils préparent tout, moi j’attends, ma belle-mère est rentrée chez-elle, ça vaut mieux.

J’attends à la maison, une amie est à mes côtés, ma sœur doit arriver dans la journée, l’attente commence…

Je suis dans la cuisine avec mon amie, la cafetière fonctionne à plein ! J’entends la porte, je bondis, Alain me regarde : il est vraiment…livide.

Nous avions prévu de mettre le corps de notre fille dans la chambre, sur le lit où je la calmais quand elle avait mal.

Et là, je n’ai toujours pas compris : j’ai vu mon mari me pousser dans la cuisine et m’enfermer, en me disant sur un ton que je ne lui connaissais pas :
- je t’interdis de sortir pour l’instant !
En même temps l’ambulancier dit :
– oui, il ne faut pas qu’elle la voit comme ça !

Je me sentais devenir pleine de rage, je voulais voir ma fille : je fonçais dans le tas !

Et là, devant la porte de la chambre, l’ambulancier dit : vous pouvez la laisser passer j’ai jamais vu ça !

Je me précipite, elle est étendue sur le lit, elle semble dormir, elle est belle…

Je reviens, l’ambulancier, Alain, son père, tous les trois très mal. L’ambulancier me dit :
- vous savez, j’ai des enfants, et puis je ne comprends pas ce qui vient de se passer.

Je les regarde ?? … Mais enfin pourquoi m’avez-vous repoussée ??

L’ambulancier ne dit rien, il regarde obstinément les papiers qu’il doit remplir.

Le beau-père, visiblement pas en état de dire quoique ce soit.

Alain se décide :
- eh bien voilà, le visage de Laetitia était torturé, plein de souffrances et dès que nous l’avons posée sur le lit, elle s’est détendue, son visage est devenu reposé, calme et serein.

L’ambulancier très perturbé redit :
- oui, je n’ai jamais vu une chose pareille ! Visiblement il était pressé de partir, il nous donna les papiers à signer : nous signons, il s’en va attristé, ne sachant que dire.

Le silence est tombé : un son rauque déchire ce silence, je bondis dans la chambre : « Minus », (le chat tigré qui ne quittait jamais ma fille) est là dans la chambre, il a le poil hérissé, les yeux dilatés : il hume l’air d’une façon bizarre. Je le saisis et l’enferme dans une pièce. De temps en temps il émet des sons plaintifs, puis il se calme.

Nous attendons le docteur pour le certificat de décès, il n’est pas étonné de la procédure, c’est comme cela !

Pour les pompes funèbres, ils ont été prévenus par mes collègues de travail qui se sont cotisés pour prendre les frais à leur charge.

De nouveau on rentre dans les détails qui tuent !!!

La prise des mesures… Une odeur bizarre inonde l’appartement : c’est un produit qui lui a été mis à l’hôpital pour la conservation du corps.

Nous écoutons tout, plus rien ne nous étonne, nous sommes dépassés !

Il faut faire vite : on nous explique que, vu les traitements, le corps va se décomposer vite, l’appartement étant chauffé par le sol.
Personne ne pourra m’enlever le corps de ma fille pour le mettre ailleurs...

L’enterrement est fixé au samedi.

Ma sœur est arrivée, elle ne parle pas beaucoup c’est même la seule fois où je l’ai vue ne pas avoir envie de parler.

Le soir, j’ai déplié le canapé du salon, tous les trois allongés tout habillés, pas d’envie de dormir, ma sœur serrait ma main, des larmes coulaient de ses yeux, elle regardait mes yeux secs.
Ensuite des gens défilèrent, de l’école maternelle, de l’immeuble, des immeubles voisins, j’ouvre la porte, j’écoute, je ne comprends rien, certains veulent voir la petite « pour lui dire au revoir ».

Pour cette seule fois de ma vie je dis « oui » à tout ! D’ailleurs cela vaut mieux…

Alain n’a fait que d’aller et venir avec le voisin du dessus (eh oui, toujours eux !) pour les formalités de toutes sortes, et croyez-moi, il y en a !!!

Enfin le jour de l’enterrement, la mise en bière.

Ma mère est arrivée avec son ami André : rien à dire, sincèrement peinés et corrects.

Ma belle-mère est également arrivée avec mon beau-père. Comme d’habitude, elle s’est écroulée, m’a dit « pardon je ne voulais pas çà, je te le jure ! ». Et puis, crise de nerfs : on a appelé le médecin. Il lui a fait une piqûre calmante, elle a dormi pendant tout l’enterrement. Je n’ai su qu’après pourquoi elle m’avait demandé pardon.

Je passe tout sur la cérémonie à l’église, les inepties du curé, ainsi que sur celles entendues au cimetière, déjà rapportées dans « Eclats de vie » et « A tous ceux qui n’entrent pas dans les grilles ! ».

Et puis le retour à la maison…

Là ce fut très éprouvant : je suis emmurée dans un autre monde, arrivée devant la porte, dure à ouvrir.

La belle-mère, repartie avec le beau-père, ma sœur avec ma mère, il ne reste plus que les voisins du dessus.

J’ouvre la porte au chat : l’odeur persiste très fort dans l’appartement. Le chat se précipite dans la chambre, il a les narines dilatées, ses yeux sont effrayés, il se précipite sur le lit…
Nous assistons à quelque chose d’incroyable, qui nous coupe le souffle. Il se place à l’endroit où était le corps de Laetitia : un genre de convulsion l’agite et une espèce de mousse sort de ses lèvres. Nous sommes pétrifiés !

J’ai pris « Minus » dans mes bras, je l’ai essuyé avec un gant mouillé, j’ai essayé de le câliner. J’ai repensé au chat de ma grand-mère que nous avions retrouvé mort sur sa tombe peu de temps après son décès.

Les voisins nous ont dit :
- venez manger chez nous, ne restez pas seuls ce soir (nos enfants restant quelques jours à Nogent).

J’ai dit à Alain :
- vas- y, je vous rejoindrai.

Je n’ai pas un caractère facile : personne n’a osé insister, Alain est monté avec eux.

J’ai aéré, mais l’odeur était tenace. J’ai rangé, puis je me suis assise dans la chambre de ma fille. Mon amie m’avait proposée de venir enlever ses affaires, mais j’avais refusé !

J’ai commencé à trier : toujours j’ai ce réflexe de m’activer quand ça ne va pas !

Dans ma tête il y avait de la colère… le curé, les réflexions, la lettre de la sécu, (j’avais eu un contrôle) alors que j’étais passée prévenir de l’enterrement de ma fille : on me demandait de passer justifier mon absence …. J’y suis passée le lendemain matin, le médecin conseil a mis 8 jours à s’en remettre !

Tout se bousculait dans ma tête. Je suis montée rejoindre Alain et mes amis.

Ils discutaient, la télé était allumée : des variétés… j’ai très mal réagi, c’était stupide de ma part !

Depuis, bien sûr, j’ai appris que quoi qu’il arrive, la vie continue, que nous ne pesons pas lourd, c’est peut- être pour cela que je ne supporte plus du tout les mensonges, les ragots, les trahisons… et tant de nos défauts et travers.


jeannette insurgé
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jeannette insurgé

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MessageSujet: Re: sans titre.. ni parole...   sans titre.. ni parole... EmptyDim 21 Juin - 17:55

jusre vous dire je sais on me l'as dit: vous ne devriez pas écrire cela c'est trop dur...

j'ai répondu si on peut le vivre on peux l'écrire

le titre que j'avais mis c'etait juste "sans titre" et mon éditeur a rajouté "sans paroles

et quand je lui ai demandé pourquoi il m'a dit je l'ai dit je ne peux en parler!!

jeannette insurgé
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Tonyves

Tonyves


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MessageSujet: Re: sans titre.. ni parole...   sans titre.. ni parole... EmptyLun 22 Juin - 8:48

C'est dans ton livre l'extrait qui m'avait ému aux larmes
Ce n'est pas que tu ne devrais pas l'écrire c'est que jamais de tel drame devraient être vécus
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Pavot rouge

Pavot rouge


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MessageSujet: Re: sans titre.. ni parole...   sans titre.. ni parole... EmptyMar 23 Juin - 3:46

Hélas, la vie nous impose ses incompréhensions. La mort n'est jamais plus tragique que quand elle frappe l'innocence.
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nicole chaput

nicole chaput


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MessageSujet: Re: sans titre.. ni parole...   sans titre.. ni parole... EmptyMar 23 Juin - 16:59

Les maladies orphelines sont méconnues, car souvent il n'y a pas de médicament pour les guérir. La recherche fini par trouver le gêne afin que les parents ne passe pas par la même souffrance. Perdre un enfant c'est ce qu'il y a de plus triste, c'est une partie de nous qui s'en va. je comprend très bien ce qu'un parent ressent devant son impuissance.. Gros câlins de tendresse sur ton coeur de maman.. Nicole ..xxx
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jeannette insurgé

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MessageSujet: Re: sans titre.. ni parole...   sans titre.. ni parole... EmptyMar 30 Juin - 15:25

merci Pavot, merci Nicole, merci Tonyves

la mort ... l'énigme de l'humain!!! et elle détriuit souvent ceux qui reste "vivant"

jeannette
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