L'automne est sur ma vie et le gris dans mon coeur,
Et s'écoulent les heures au rythme de saisons,
Quand vient le crépuscule une étrange langueur,
Au fond de moi s'invite en triste déraison.
Ma langueur est le fruit de ces journées d'automne,
De cet acide vent hurlant sur les ajoncs,
Des feuilles décimées qui sur moi tourbillonnent,
Et des nuages lourds pleurant dans le vallon.
Ai-je donc trop vécu dans ce désert atone,
Où les feuilles rougissent et déclinent les jours,
Où le désir s'enfuie en bouffées monotones,
Où le ciel de mon lit se perd sans amour.
Je rêve d'un pays où les teintes rayonnent,
D'un ciel qui se pare de rouge éblouissant,
De pommiers bleu azur, d'une mer vermillonne,
Et de nuages verts qui vont s'effilochant.
Mais le jour est au gris et les vagues moutonnent,
Dans l'aigre tourbillon plonge le goéland,
Mon âme qui s'ennuie n'intéresse personne,
L'horloge peut sans fin jouer avec le temps.