Ballade en froide saison
L’automne donne son accent sombre
Laissant les arbres couleur de cuivre
L’hiver étend doucement son ombre
Avec ses premiers filaments de givre
Le soleil se pare en masque de pâleur
L’homme s’enroule dans son isolement
Cherche en vain l’incontestable chaleur
D’un sourire ou d’un doux sentiment
J’ai laissé mon cœur devant la porte
Bien trop lourd à supporter les jours
Où le chagrin pressentant l’emporte
Je l’abandonne à ses pauvres amours
Seul, je tournoie l’esprit dans le vide
D’une pièce à l’autre, comme égaré
N’osant regarder mon visage livide
Car d’un froid austère l’hiver m’a paré
Je pense à ces millions d’hommes
Qui dorment sous de simples cartons
Ou sur un banc pour un léger somme
Qui au petit matin, point ne s’éveilleront
Qu’es-tu devenue ma douce terre
Où sont donc passées tes prodigalités
Quand je vois que la mort enserre
Tant d’enfants bien trop tôt déshérités
Je n’ose brandir l’oriflamme de l’espoir
Quand je vois ces regards fantômes
Toutes ces âmes qui broient du noir
Passant leur vie à demander l’aumône
Maman, où est donc mon cerceau de bois
Mes rêves d’espoirs quand j’étais enfant
Quant tout débutait par « il était une fois »
Est-elle venue l’heure de mon ultime chant
Viendra t-il encore le printemps salvateur
Même les yeux secs, je l’attends encore
Je voudrai voir autre chose que l’horreur
Juste la joie suinter de toutes vos pores…