Et si…
Assise je me laisse aller et ma pensée quitte mon corps : flottement curieux !
Où ai-je donc atterri ? Si j’ose dire !
Je regarde ce qui se tient devant moi : mais oui… c’est « lui », sa forme est floue, insaisissable, sa couleur diluée, indéfinie.
Je n’en reviens pas, je suis face … au Temps !
J’écarquille les yeux, je fixe, comment faire ? Le Temps, on le sait, ne s’arrête jamais, il sautille, il se moque, Grrrrrrrrrrr, il m’énerve !
Mais que vois-je ? Un sablier… Je bondis, je le saisis, je le bloque à l’horizontale : plus un grain ne bouge, ni dans un sens ni dans l’autre.
Le Temps ne se moque plus, moi je suis aux anges.
Il essaie de bouger mais ne le peut plus, il me menace de destruction.
Là, je rigole ! Mais enfin, Temps que fais-tu d’autre que détruire, casser, salir, peser… Tu emportes tout, Temps.
Il est terrorisé : mais quand même dit-il, j’apporte l’oubli, l’apaisement, la sagesse et l’acceptation…
Oui, Temps, je te l’accorde, mais à quel prix ? Tu nous flétris, tu emportes nos forces, tu nous désagrèges.
Je n’y suis pour rien, me répond-il, tu le sais rien n’est hasard. Toute médaille a son revers, personne n’y peut rien et je te mets en garde : tu fais une bêtise, le temps c’est la vie et là tu bloques la vie…
Je le regarde, il n’est pas très fier. Comme moi il suit le chemin qui lui a été tracé : mes mains desserrent doucement leur emprise, je n’ai pas le droit d’arrêter le Temps
Le temps me regarde, il se remet à onduler…
Il souffle sur moi : merci me dit-il, sois confiante en ton avenir…
Ma pensée et mon corps sont de nouveau réunis, je regarde la pendule…
Ça alors, je jurerais que l’aiguille n’a pas bougé !
jeannette insurgé