Comme chaque soir de la semaine,
La vieille dame s’assoie sur la chaise
Face à la pendule elle prend ses aises.
Elle a fière allure la belle souveraine.
Le petit doigt en l’air, elle déguste le vin,
Méthodique cérémonial et effets de manches
Elle le porte à ses lèvres de sa main blanche,
Lui reviennent alors, ses rêves sans lendemain.
Elle avait un majordome et puis des valets,
L’un d’eux avait même été l’amant de la lady
Elle n’avait pourtant rien d’une Chatterley
Mais son rêve accrochait ses désirs d’infini.
Ses bijoux, clinquants colliers de quincaillerie,
Donnaient à ses longs doigts et à son cou graciles
Fardés de poudre de riz fanée, un aspect nécrophile
Que l’on imagine aisément adepte de sorcellerie .
Elle est bien inoffensive la vieille souveraine,
Elle habite sous les toits, une chambre au sixième
Où elle rêve tous les soirs qu’elle rejoint son amant,
Le bel Olivier Mellors, son garde-cœur aimant.
Lent éveil à la déraison de l’esprit qui s’ensorcelle,
Difficile apprivoisement d'un ralenti de la réalité.
Qu’importe après tout le présent ou le passé,
Ce soir, c’est sûr, la souveraine est éternellement belle.