Le jour mourait déjà, le vent courbait les plantes,
Le ciel bleu se marbrait du pommelé vermeil
De ces nuages ronds et d’étoiles tremblantes,
Quand dans la chaude nuit j’entrais dans le sommeil.
Une lune argentine créait des féeries
Sur le ruban du Rhône, luisant tel diamant.
Je le voyais, filant avec ses pierreries,
De mon lit s’envolant dans le noir firmament.
Je survolais des bois de nocturne paresse,
Figés comme un tableau, et des près ondoyants
Comme si une main tendrement les caresse
Et des ruisseaux d’argent où il fait bon baigner.
J’oubliais la douleur dans ce beau prismatique
De souffrance calmée par l’aiguille d’acier,
Je plongeais doucement dans un vert aquatique,
Oubliant ce mal lent aux dents de carnassier.
Mes pensées et mon corps, dont le faîte est mon âme,
Pouvaient se libérer de ce bourdonnement
Des machines scandant la vacillante flamme
De ces heures écourtant mon sort confusément.
Je ne voudrai laisser un jour, tête première,
Cette vie que j’aimais, mais ma vitalité
Déprimant chaque jour effaçait la lumière
de la foi qui parlait de l’immortalité.