Comme le rameau séché qui du tronc se détache,
Comme la feuille morte sous les assauts du vent,
Comme le goémon que les marées s'arrachent,
Comme le fil du temps qui va disparaissant.
Ainsi tu es parti en bordant ta grand voile,
Sur l'océan des cieux aux marges ignorées,
Tu étais mon rocher, mon port, ma bonne étoile,
Sur le quai du départ tu m'as abandonnée.
Je sais, tu n'es pas loin, tout juste au quai d'en face,
Sous le voile bleuté d'un subtil univers,
Mais dans notre maison où tu avais ta place,
Le vieux fauteuil t'attend, s'ennuie et désespère.
Le destin est ainsi on ne peut rien y faire,
Nous sommes si peu d'ici, il faut en convenir,
Je sais que tu m'attends à mon heure dernière,
Les bras chargés de fleurs pour bien m'y accueillir.