Quand je serai parti pour mon dernier voyage,
Et que mon nom gravé à l'angle d'un tympan,
Subira des années le dernier des outrages,
De se voir effacé par l'usure du temps.
Ami, si par hasard en tes vagabondages,
Tes pas te mènent ici devant mes ossements,
N'essaie pas de savoir sous quel nom, à quel âge,
Les cieux ont décidé de mes derniers instants.
Tu ne sauras de moi quel était mon visage,
Et mes joies et mes peines et mon dernier tourment,
Tu ne sauras de moi non plus pas davantage,
Que ma pierre dressée et son effacement.
Ma vie fut un roman, un grand livre d'images,
Plein de rires, d'amour, et de bons sentiments,
J'ai quitté l'ici-bas sans en trouver ombrage,
On ne regrette pas un monde de néant.
J'ai connu dans ma vie pourtant bien des rivages,
Des glaciers de Norvège aux forêts du Liban,
Mais je ne suis pour l'heure que ce petit nuage,
Qui vient mêler ses larmes à celles d'un passant.