Folie douce
Cela commence par une phrase, un peu bizarre,
On n’y prête pas attention : c’est le hasard.
Les jours passent et tout semble oublié,
Mais cela recommence, on n’avait pas rêvé.
On devient un peu plus attentif à un geste, à un mot,
On veut croire que c’est peut-être le manque de repos.
On préfère faire l’autruche et ne plus y penser,
Cela n’est pas possible, ne peut nous arriver.
S’en suivent des examens, des visites de médecins
Qui se veulent rassurants, tout juste bénin,
Simplement un bilan à faire dans six mois,
Six mois qui semblent court et bien long à la fois,
Les semaines passent, le résultat est là,
Trouble de la mémoire, à suivre pas à pas.
Un petit traitement peut peut-être empêcher
Cette fichue mémoire à ne pas s’envoler.
Mais celle-ci s’enfuit, inexorablement
Chaque jour un peu plus, plus ou moins lentement.
Après plusieurs bilans, le diagnostic est fait,
C’était bien Alzheimer, on n’avait pas rêvé.
Cette maladie là, se vit au jour le jour,
Difficile de croire qu’on en a fait le tour,
Les souvenirs s’envolent sans espoir de retour,
Il faut de la patience et des torrents d’amour,
Répéter sans arrêt toujours les mêmes choses
A tel point que parfois, on frise l’overdose.
Puis viennent les délires qu’on ne peut contrôler,
Juste aider le malade à ne plus y penser,
Tout faire pour qu’il puisse rester parmi nous,
Pour cela c’est très simple : lui dire des mots doux,
On doit aussi se répéter qu’il ne fait pas exprès,
De se mettre en colère, de manquer de respect.
Enfin être avec lui, vivre les bons moments
Tant qu’il y en a encore, qu’il est toujours présent.
On sait que son état ne pourra qu’empirer
Alors vivons tous les instants de façon passionné
Il faut croiser les doigts, il faut garder l’espoir
Peut-être que l’avenir ne sera pas si noir !
Ghislaine Coudert
18.10.2016