Les hommes font penser à d'étranges navires
Qui sont les jouets des vents et des courants marins
Qu'ils arrivent à bon port ou bien lorsqu'ils chavirent
Croient y voir, implacable, l'œuvre de leurs destins
Le cerveau en son crâne est cet esclave nu
Dont la plainte est un râle étouffant dans la soute :
Le fouet de la vie meurtrit son dos grenu
Et chaque jour passé est une longue absoute.
Bombés, fiers et splendides dans la force de l'âge
Ils s'éveillent heureux vêtus des plus beaux blancs
Le temps fera un jour je ne sais quel ravage
Quand le vent et les lames auront meurtris leurs flancs
Le bateau ne vit pas, à grand peine il surnage
Portant tout comme nous son fardeau lourd, hideux
Ne désespérons pas : l'homme a cet avantage
Il peut le partager et le porter à deux