Tu étais né du bon côté de la barrière,
Mais hélas trop près de la frontière.
Et quand la guerre s'est déclarée,
De force ils t'ont enrôlé.
Bien vite tu t'es retrouvé,
A te battre contre les français.
Ils t'ont même fait prisonnier
Toi qui étais pourtant de leur côté.
Ils n'ont pas cherché à savoir
Pourquoi en toi ce désespoir:
Tu portais l'habit allemand
Et en plus tu avais l'accent.
Quand la guerre s'est terminée,
En Charente tu t'es marié,
Et très vite tu as fondé
Une famille bien soudée.
Mais tu ne pouvais oublier
Toute la haine du passé
Car tu avais vécu l'enfer
Pendant cette terrible guerre.
Quand après plus de vingt années
Une autre guerre a éclaté
C'est ton fils qui fut prisonnier
Mais toi tu n'y es pas allé.
De force il fut envoyé
En Allemagne pour travailler.
Comme toi il était victime
De la guerre et de son racisme.
Puis, par un beau matin d'été,
Des hommes à ta porte ont frappé:
Avec ta femme il t'ont mené
Au beau milieu de la forêt.
Et sans que tu puisses parler,
Sur elle et toi ils ont tiré.
Ces hommes c'était des français
Mais ils ne pouvaient pas t'aimer
Toi l'alsacien qui étais mon grand-père
Qui étais né trop près de la frontière:
Tu avais porté l'habit allemand,
Et en plus, tu avais l'accent !!!!!!
26.10.1991
Poème dédié à mon grand-père, Alphonse Walter, assassiné avec sa femme le 30 août 1944 par des Français