Elise, il faut ce soir que je te dise,
Que ton amour pour moi est bien audacieux,
J'ai tant vécu d'années, usé tant de chemises,
Que mon vieux corps n'est plus qu'un port silencieux.
J'ai trop vécu l'orgueil d'une vie insoumise,
J'ai tant rêvé d'amour sous la voûte des cieux,
Que mon coeur ne sait plus, je te l'avoue Elise,
Qu'il ne sait plus aimer d'un cour impétueux.
Je n'imagine pas à tes lèvres promise,
La saveur d'un beau fruit au goût fallacieux,
Le temps vieil ennemi qui tue et avilise,
A pour moi d'autres jeux que les jeux amoureux.
Tu es si jeune encore ma tendre et douce Elise,
Que les jeunes galants seraient bien plus précieux,
Qu'un vieil amant fourbu en des luttes indécises,
Qu'un vieux forban vaincu par la colère des cieux.