Ma seconde nouvelle.
J'ai voulu m'immiscer dans l'esprit d'un homme en colère qui, à cause des circonstances de la vie, radicalise sa vision de la manière la plus extrême qu'il soit.
Attention:
Le langage est ordurier, c'est vrai. Mais c'est une espèce de "courant de conscience", donc j'ai mis en mots ce que le personnage principal pouvait ressentir ou penser.
EDIT: J'ai modifié et ajouté quelques trucs, histoire de rendre le tout plus vraisemblable.
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Et du sang.
Y a du sang partout. Je croyais pas que ça pourrait éclabousser comme ça, surtout que j’étais à une assez bonne distance de ce bâtard. Qu’est-ce que je vais faire là ? Non, plutôt qu’est-ce que je suis sensé faire là ? Je devrais peut-être courir ou rentrer chez moi. De toute façon les filcs vont pas tarder à venir me faire chier alors... Non ! Attendez...
Attendez, ne commençons pas par là.
Par où commencer alors...
J’enterre ma fille. J’entends rien sur le coup, je vois rien non plus. Rien sauf ce cercueil qu'on recouvre de terre. Ce cercueil où se trouve ma petite fille... Mais plus je tente de m'en souvenir... Plus je vois des choses que je n'avais pas totalement saisie sur le coup. Je me souviens maintenant et je n'entends que des sanglots autours de moi, mais les plus bruyants sont pas ceux de ma femme mais bien ceux de ces crasseuses. Fringuées comme des prostituées alors qu’elles sont toujours au lycée. Fringuées comme des
- Spoiler:
putes
à un enterrement. Elles étaient en rien sincères, c’était des larmes de crocodile qu’elles avaient. Tu pouvais le voir au fait qu’il n’y avait aucun plissement au niveau de leurs fronts, pas de rides près des yeux. C’est un truc qu’on repère à force de fréquenter que des langues de putes. Et ces langues de putes, présentes ici, elles étaient là juste pour se donner bonne conscience, et puis au cas où des journaleux viendraient braquer leurs objectifs ici elles pourraient se la jouer filles touchées et vanter les mérites de ma fille.
Je me trouve maintenant incapable de pleurer. Vous voyez, j'en suis à un point où le dégoût a prit le dessus sur la tristesse. J'ai suffisamment pleuré.
Souvent, le dimanche soir, y a des reportages qui relatent de vieux faits divers. Ça cause souvent de meurtres abominables et de viols. Y a toujours un intérêt à regarder ça parce qu’on arrive à prendre de la distance, si bien que dans notre esprit c’est comme si on regardait une série ou un film. On ne fait pas vraiment la différence et on se dit que ce genre de choses ça nous arrivera probablement jamais. Jusqu’à ce que ça vous arrive.
Ma fille, elle avait rien demandé. C’est ces charognes qui l’ont mise sur le mauvais chemin. C’est la pression sociale, on veut s’intégrer. Alors on fait comme les autres. Ça commence dès que t’es petit, tu commences à dire des gros mots pour faire comme tes potes qui eux-mêmes veulent faire comme les grands. Ensuite tu te mets à la cigarette, parce que ça donne une prestance et les gens cools le font, les adultes aussi. L’alcool vient ensuite, on se bourre pour se marrer ce qui est comique puisque les alcooliques le font souvent parce qu’ils sont tristes, eux. Et puis tu baises pour la première fois, alors que t’as toujours rien compris à la vie.
Ma fille est passée par toutes ces étapes. Quand on est père on se doute de rien. On voit sa fille comme une princesse, sans remarquer que ces jupes rétrécissent à mesure que le temps passe. Mais elle change, et ça on veut l’ignorer. On veut pas s’imaginer sa fille amoureuse, embrasser un homme, faire l’amour, jouir. Tout ça semble beaucoup trop répugnant pour une princesse. On redoute le jour où elle s’amènera avec un homme à la maison. On veut pas lire ses messages parce qu’on veut pas voir nos doutes se confirmer. On préfère l’insouciance.
Moi, mon insouciance a été baisée par un coup de fil. Une pauvre conne qui m’a demandé de venir à l’hôpital. Et de l’hôpital, je me suis retrouvé en un rien de temps à la morgue. Devoir identifier le corps meurtri de son enfant... La voir le visage - son magnifique visage - couvert de bleus, presque impossible à reconnaitre... Je voulais pas y croire. J'ai essayé de me persuader que c'était pas elle mais quand je me suis retourné vers ma femme, quand je l'ai vu s'effondrer, ne plus pouvoir tenir sur ses jambes, j'ai compris. Je pouvais le nier autant que je le voulais, ça ne servait à rien. J'ai vite réalisé que ce n'est pas parce que je ferme les yeux que le monde allait cesser d'exister.
Pourtant, malgré tout ça, malgré tous ces moments de lucidité, j'étais inconsolable. Inconsolable de savoir que je ne pourrais plus revoir son sourire. Que je pourrais plus sentir ces bras autours de moi quand elle me faisait un câlin. Que je ne pourrais pas la voir en robe de mariée. Que je ne pourrai pas voir mon petit fils. Ces moments que j'aurai pu vivre et revivre, ils ont disparus avec elle.
Rapidement, on a retrouvé les coupables. Une bande de jeunes, tous d’origine immigrée, que ma fille semblait bien connaitre. Des arabes et des nègres, autrement dit. Tous mineurs aussi, donc ils ont rien pris. Ils ont violé ma petite fille et ils ont rien pris. Mais c’est pas tout, le pire c’est qu’elle était enceinte et j’en savais rien. J’ai compris en fouillant dans ses affaires qu’elle avait pris rendez-vous pour se faire avorter dans la semaine. Ils l’ont tué, elle et son bébé. C’est ce genre de choses qui vous changent. C’est la petite boule dans la gorge, celle que vous ressentez quand vous sortez du tribunal sans avoir eu ce que vous vouliez, qui vous pousse à agir. Parce que la justice est freinée par la démagogie et le politiquement correct. La plupart des gens se retrouvent incapables de se venger dans ce genre de situation et souvent, ils se rassurent en se disant que s’ils se vengent, ils ne vaudront pas mieux que leurs agresseurs. C’est de l’hypocrisie tout ça, une manière détournée de dire qu’on n’a pas les tripes pour le faire.
Moi j’ai les tripes pour.
Je vais agir. Je pourrais pas tous les buter, c’est certain. Mais je vais m'en faire un, juste pour donner l’exemple. Juste pour me dire qu’au moins j’aurai essayé. Je vais être le premier d’une longue liste, y a pas de doutes. Les gens en ont marre. Ils en ont marre de voir ces étrangers détruire tout ce qu’ils touchent. Ces types sont comme des maladies qui rongent le corps. Ils sont pas humains, ils sont tout juste au stade de l’animal. Quand je les vois dans la rue, j’ai l’impression de voir des chiens jouer ensemble, se sauter dessus, courir, se lécher. C’est répugnant. C’est pour ça que je compte bien nettoyer tout cela. La délinquance, la criminalité, tout ça, ça a rapport avec ces enculés de chiens.
Un fait plutôt marrant : j’ai acheté une arme à un nègre.
Si seulement ce pauvre con savait que c’était pour buter un des siens. Rien que d’y penser me fait sourire. Ce pauvre salaud s’était ramené avec des calibres qu’il avait foutus dans un sac en plastique de chez Carrefour. Niveau discrétion on fait difficilement pire. Son cerveau de singe dégénéré doit surement le pousser à prendre des risques, ou peut-être qu’il est pas assez avancé pour évaluer le danger. Il m’a refourgué un Baretta, assez vieux et usé mais c’était le seul que je pouvais payer. Ma retraite est misérable, j’ai toujours bossé au noir. Je galère à finir le mois.
Il m’a aussi vendu des balles avec, j’en ai pour une trentaine d’euros de plus.
Maintenant, fallait que je retrouve un de ces bâtards.
Je savais qu’il y en avait un – je crois que son nom était Tarik ou Amin - qui se ramenait souvent devant le lycée de ma fille alors j’y suis allé tous les jours. Et il a fallu attendre une douzaine de jour pour finalement le voir arriver, un jeudi matin. Ce nègre avait du succès avec les filles, y a pas à dire. Mais ce qui m’a choqué c’est de voir que tout le monde lui parlait, comme si il n’avait rien fait. Comme si rien ne s’était passé. Ces putes qui pleuraient à l’enterrement de ma fille, ces sales putes, elles rigolaient désormais avec lui. Je le voyais rire avec ses grosses dents déformées, j’avais l’impression de voir un gorille. La forme de son crâne m’a conforté dans cette idée. Je crois que je rends service à l’humanité en voulant le supprimer.
Ma femme, elle s’inquiétait pour moi. Elle me voyait de moins en moins à la maison. Elle se demandait où j’étais, ce que je faisais, pourquoi je ne restais pas pour la consoler. Je pouvais rien lui dire, mais très vite elle allait savoir. Je vais l’abandonner mais j’espère qu’elle comprendra. Oui, elle est loin d’être dupe, elle comprendra. Je ferai ça pour notre fille, en sa mémoire. Je vais faire ce qui est juste. J’en ai besoin.
J’ai prévu de choper cette ordure à la sortie d’un snack. Tous les soirs, il bouffe là-bas. Il a ses petites habitudes, un kebab sauce blanche, une canette de Sprite pour accompagner le tout. Il connait un peu tout le monde, c’est un habitué parmi les habitués.
Ça y est, il sort.
Je prends le soin de m’approcher de lui une fois qu’il pose le pied dehors, mais je me tiens à une distance respectable - environs cinq ou six mètres, vous voyez – et là je sors mon flingue. Lui, il se retourne vers moi juste à ce moment-là. Il me regarde et quand il comprend la situation, il tente de se couvrir la tête toute en reculant. Il avait l’air un alcoolo qui était sur le point de se prendre une trempe, c’était jouissif. Et là, je tir. Le coup de feu résonne, mes oreilles sifflent. Et lui, il est à terre et il hurle en se tenant l’épaule. Son épaule est explosée, pas sa tête ou sa poitrine, juste son épaule.
J’ai dévié mon arme. Comme une merde.
Et tout ce que je vois autours de moi c’est les néons roses et bleus du snack qui me semblent tout à coup aveuglant et le regard tantôt apeuré, tantôt accusateur des témoins de ce bordel. Et tout ce que j’entends c’est les hurlements de ce nègre qui se mêle à mon acouphène.
Et y a du sang.
Y a du sang partout. Je croyais pas que ça pourrait éclabousser comme ça, surtout que j’étais à une assez bonne distance de ce bâtard. Qu’est-ce que je vais faire là ? Non, plutôt qu’est-ce que je suis sensé faire là ? Je devrais peut-être courir ou rentrer chez moi. De toute façon les filcs vont pas tarder à venir me faire chier alors autant rentrer, pour les attendre.
Je vais rentrer et rejoindre ma femme.
Elle a besoin de moi.
Fin.