une chanson de Lama pour Brassens

Richesse posthume

N’ayez crainte pour moi madame,
Je repose sous un beau ciel bleu,
Où les embruns bercent mon âme,
Et les aloses content, aux curieux,
Que, même défunte, ma flamme
Est dédiée aux vils et aux gueux.

N’ayez crainte pour moi madame,
Je dors au cimetière des pauvres miséreux,
Ma tombe est loin d’être infâme,
Mon corps en poussière est bien, au milieu,
J’ai un pin parasol pour oriflamme,
Et mon décor funéraire est merveilleux.

N’ayez crainte pour moi madame,
Au cimetière Le Py, mieux que chez Dieu,
Dans l’étreinte de la sombre dame,
Votre trouvère impie et irrévérencieux
Est hors d’atteinte des tristes quidams
Qui, naguère, maudirent ces élans séditieux.

N’ayez crainte pour moi madame,
Le moustachu et sa pipe sont bienheureux,
Et si Les saintes qui s’en réclament,
Aujourd’hui, s’attristent qu’il soit seul en ce lieu,
Elles lui lançaient de son vivant des blâmes,
Elles huaient le dément aux airs irrespectueux.

N’ayez crainte pour moi madame,
A mes pieds l’étang de Thau, si généreux,
M’offre cette teinte qui charme,
Un bleuté, dansant sur l’eau, camaïeux
Qui redonne aux passants qui flânent
L’humeur apaisée du poète des malheureux.

N’ayez crainte pour moi madame,
Puissiez-vous venir voir de vos yeux,
Cette enceinte qui inspire le calme
A tous ceux qui viennent me dire adieu.
Venez donc, vous joindre à ces gammes
Que font les pas de mes amis nombreux.

Allover 2008

Star académie

Je t’échange un Brel contre deux Lama
Même si un Serge lui en vaut trois
Et quel prix pour un Moustaki

Je t’échange un Léo Ferré pour trois Cantat
Même si Bernard vaut plus que ça
Mais quel est le prix de la poésie

Je t’échange deux Juliette pour une Barbara
Et si tu veux j’y ajoute une Dalida
Mais quel est le prix du ressenti

Je t’échange deux Cabrel contre un Ferra
Mais un Aznavour en vaut trois
Mais quel est le prix de l’esprit

Je t’échange un Higelin pour deux Murat
Mais combien pour un Dominique A
Et quel est le prix d’une Zazie

Je t’échange un Souchon pour trois Vanessa
Pour un Boris Vian combien il en faudra
Mais quel est le prix de mon avis

Je t’échange un Trenet pour deux Claude François
Pour un Nougaro combien je t’en dois
Et quel est le prix du géni

Le jour où l’émotion se calculera
Et où les chansons on cotera
La vie deviendra monotonie.

Allover 2008