Et s'écoulent les heures en lambeaux de tristesse,
Quand l'horloge ronronne au mur du salon,
Le temps s'en est allé, sans raison et sans cesse,
Au jardin de mon coeur pleure le violon.
A vous jeunes badauds qui oyez ma détresse,
Jouissez de la vie en ses temps les plus longs,
Un claquement de doigt et elle vous délaisse,
Pour un autre galant, pour une autre passion.
Ne riez point de moi devant tant de faiblesse,
Les ans ne sont pour tous que de quatre saisons,
Les jours nous sont comptés dès la prime jeunesse,
Et quel que soit l'augure nous nous avilissons.
Alors aimons la vie en toutes ses richesses,
La clarté d'un matin à l'aube des moissons,
Le chant des vendangeurs au raisin que l'on presse,
Et la rose lueur d'un ciel de fenaison.