Le chien était assis bien droit, il fixait le puits avec une grande intensité. Ses yeux d’une couleur indéfinissable étaient empreints d’une chaleur réconfortante. Cependant on sentait dans cette chaleur une volonté, une compréhension. Une rage à faire passer un message :
Ecoute, oui tu as eu et tu as encore très mal. Oui le monde est injuste et les humains sont pires que tout. Tu as pu constater que malgré ta douleur ta présence est toujours avenante et appréciée.
Les puits qui ont disparu sont ceux qui donnaient non pas spontanément, mais parce qu’ils pensaient ainsi se faire valoir et en tirer bénéfice, vois-tu c’est simple.
Souffrance + haine + dépit + vengeance = Egoïsme et destruction
Souffrance + tristesse + regrets de ne plus pouvoir partager = Amour et renaissance
Alors ta réponse tu l’as, toi et les autres petits puits préservés ne le sont pas par hasard : vous êtes amour, la souffrance qui est au fond de vous c’est le signal d’alarme qui vous empêchera à tout jamais de commettre des erreurs fatales.
- Mais enfin le chien, devrais-je toujours accepter de souffrir, et laisser ceux que j’aime me tourner le dos ?
- C’est comme cela, petit puits, regarde les arbres qui donnent tant de beaux fruits, les humains viennent se servir, ils prennent tout. Ils saccagent les arbres pour aller plus vite et en prendre plus.
- Pourquoi crois-tu que ces pauvres arbres ne donnent des fruits qu’une année sur deux ?
- Et bien c’est simple, eux aussi ils souffrent, ils doutent, l’envie d’abandonner leur vient, mais courageusement ils acceptent à nouveau de repartir pour avoir le plaisir de partager.
- Mais enfin, le chien, tu n’as pas compris, chacun a ses limites et la dernière trahison que j’ai subie m’a affaibli, et je suis si fatigué.
- Ah oui ?
Les yeux du chien lançaient des éclairs de colère
- Alors écoute bien cela :
Crois-tu que la terre ne souffre pas, qu’elle ne hurle pas de douleur, de rage, de désespoir quand on arrache de ses entrailles les mauvaises herbes qu’elle a nourries et vu grandir avec autant d’amour que si c’était de bonnes graines ?
Néanmoins elle continue.
Tu as le droit de choisir d’abandonner, mais alors ne serait-ce pas renier tout ce pourquoi tu t’es battu ?
Tu as cru en une mauvaise herbe, et tu l’as affectionnée comme la graine d’une bonne plante.
Tu as la chance d’avoir de nombreux amis qui t’entourent, espèrent en toi, font tout ce qui est en leur pouvoir pour te le prouver.
Tu as gagné le pouvoir de soulager par les vertus de ton eau, les plus belles choses ne naissent elles pas de la souffrance ?
Petit puits accepte de devenir la fleur de ta souffrance, d’éclore, et de t’épanouir enfin !
Le petit puits regardait le chien, des vagues se formaient dans son eau formant un curieux tourbillon. Cela faisait remonter de grosses gouttes qui ressemblaient à d’énormes larmes, tout le monde se taisait, le silence était devenu oppressant.
La voix du petit puits s’éleva :
- Tu as raison, le chien, bien sûr que je vais encore avoir mal, bien sûr que je ne changerai pas le monde, mais j’ai de la chance, celle de savoir le plaisir qu’il y a à partager, d’avoir des amis merveilleux et sincères alors le chien je te promets de rechanter,de rire. Que mon eau réconforte ceux qui croiront en elle !
Et là il y eut une curieuse soirée, les oiseaux qui chantaient, les fleurs qui embaumaient comme jamais… au point que le chat venu se réjouir de la renaissance en était enivré et tapait sur l’épaule du chien tout en faisant un clin d’œil aux oiseaux !
voilà si vous avez eu la patience de lire jusqu'au bout......
cette métaphore est tres importante pour moi
jeannette insurgé